«Cette infirmière a probablement sauvé ma grand-maman»

Pierre Monnard, 48 ans, réalisateur fribourgeois de séries et de films connus tels que «Wilder» ou «Platzspitzbaby», évoque dans une interview sa passion pour son métier, ses manies et sa gratitude envers les services d’aide et de soins à domicile. 

Magazine ASD: Monsieur Monnard, vous êtes le réalisateur de «Winter Palace» – première série suisse coproduite avec Netflix – qui retrace la naissance du tourisme alpin de luxe à la fin du 19e siècle. Actuellement, vous travaillez sur «Hallo Betty», un film sur la créatrice de Betty Bossi. Comment choisissez-vous les histoires que vous portez à l’écran?
PIERRE MONNARD: J’aime les histoires qui me permettent d’explorer ce qui constitue notre identité suisse. Cela passe parfois par des films assez sombres. «Platzspitzbaby» raconte par exemple la relation entre une mère héroïnomane et sa fille, et «Bisons» l’histoire d’un jeune paysan qui participe à des combats clandestins pour sauver la ferme familiale. J’aime aussi mettre en lumière des aspects plus emblématiques de notre histoire, comme l’épopée de l’hôtellerie suisse dans «Winter Palace», ou notre icône nationale Betty Bossy dans «Hallo Betty». J’ai la chance de travailler dans plusieurs langues, aussi bien pour le cinéma que pour la télévision. Ce qui me motive, c’est de changer de genres, de prendre des risques et de ne pas me répéter. 

Pierre Monnard. Photo: màd

Vous avez étudié le cinéma en Angleterre avant de devenir réalisateur. Avez-vous trouvé le métier de vos rêves, ou nourrissez-vous d’autres aspirations professionnelles? 
Je me considère comme chanceux et privilégié d’exercer le métier de mes rêves. Même si, au départ, je voulais être comédien. Vers 6 ou 7 ans, j’ai compris que les comédiens ne faisaient pas tout le travail et que la personne derrière la caméra avait le rôle de chef d’orchestre: c’est pourquoi j’ai voulu faire ce métier. Mais cela m’aurait aussi plu de devenir cuisinier ou chef, car la cuisine est l’une de mes passions. D’ailleurs, il existe des similitudes entre mon travail et la cuisine. Ce sont deux domaines créatifs tournés vers le partage. A l’occasion de la préparation de mon prochain film «Hallo Betty», j’ai eu la chance de visiter les laboratoires de Betty Bossi. Une expérience passionnante.

Pourriez-vous nous dévoiler un talent, un défaut ou une manie que vous évoquez rarement?
Il y a une chose que je fais de manière assez obsessionnelle: je ne peux pas aller dormir sans être sorti faire une marche. Je le fais depuis des années, le plus souvent seul, peu importe l’heure. C’est un moment que je m’octroie qui me permet de tirer un trait sur ma journée et préparer la suivante. Si je ne le fais pas, je ne me sens pas bien. Côté défauts, je suis un peu maniaque sur la propreté et l’ordre. Pour pouvoir bien travailler et réfléchir, j’ai besoin d’un environnement ordonné, presque feng shui.

Y a-t-il une personnalité que vous aimeriez particulièrement rencontrer?
J’ai découvert le podcast «La gêne occasionnée» de l’écrivain français François Bégaudeau dans lequel il parle de cinéma et de littérature. Ce qui m’a frappé, c’est son érudition. J’adorerais partager un repas avec lui pour discuter de ces deux sujets qui me passionnent. J’aimerais également rencontrer la navigatrice genevoise Justine Mettraux, dont j’ai suivi les exploits lors du Vendée Globe. J’admire son courage et sa force mentale. 

Pour finir, quelles sont vos expériences avec l’Aide et soins à domicile?
Ma grand-maman, qui a 102 ans, a pu rester chez elle grâce aux services d’aide et de soins à domicile jusqu’à la pandémie de Covid-19. Quand la pandémie s’est déclarée, elle est tombée très malade. Lors d’une visite à domicile, une infirmière l’a trouvée inconsciente et a permis son transfert d’urgence à l’hôpital. Grâce à cette infirmière, elle a pu être soignée et aujourd’hui, elle va très bien. Sans son aide, ma grand-maman ne serait peut-être plus là. C’est magnifique de vivre dans un pays où l’on peut compter sur les services d’aide et de soins à domicile. Avec l’espérance de vie qui augmente, ces services vont encore gagner en importance, car ils améliorent vraiment la vie des gens – et cela n’a pas de prix.

INTERVIEW: FLORA GUÉRY

Biographie express

Pierre Monnard est né en 1976 et a grandi à Châtel-Saint-Denis (FR). Il est titulaire d’une licence en lettres de l’Université de Lausanne et diplômé de la Bournemouth Film School. En 2013, le Fribourgeois réalise son premier long-métrage, une comédie intitulée «Recycling Lily». Il enchaîne avec la série fantastique «Anomalia», le documentaire «Blood Business» et la série policière «Wilder», distinguée par deux Prix Walo. En 2020, «Platzspitzbaby», son deuxième long-métrage, attire plus de 335 000 spectateurs dans toute la Suisse. Sa nouvelle série «Winter Palace» est une co-production entre la SSR et Netflix. Composée de huit épisodes, elle s’inspire de faits réels et retrace les débuts du tourisme alpin de luxe à la fin du 19e siècle.

Installé en Suisse alémanique depuis plus de vingt ans, le réalisateur de 48 ans vit aujourd’hui à Thalwil (ZH) avec son épouse et leurs deux enfants. Actuellement, il travaille sur «Hallo Betty», un film sur la vie d’Emmi Creola, une publicitaire visionnaire à l’origine du personnage de Betty Bossi. Féru de cinéma, de littérature et de cuisine, Pierre Monnard se décrit volontiers comme un «geek».

→ www.pierremonnard.com

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