«Ce qui me préoccupe, c’est le monde au-delà des gros titres»

L’animatrice télé Mona Vetsch est l’invitée du Congrès national Aide et soins à domicile 2025 (voir encadré). La quinquagénaire évoque sa notoriété, ses conversations avec les objets et ses impressions face au travail de l’Aide et soins à domicile.

INTERVIEW: KATHRIN MORF

L’animatrice Mona Vetsch. Photo: SRF/Oscar Alessio

MAGAZINE ASD: Madame Vetsch, en 2024, vous avez reçu le «Prix Walo» en tant que chouchou du public. Est-ce une bénédiction ou une malédiction d’être une personnalité aussi connue et appréciée du public? 
MONA VETSCH: Cette distinction m’a fait énormément plaisir. Elle montre que mon équipe et moi touchons et émouvons beaucoup de gens avec nos reportages. C’est ainsi que je l’interprète. Quant au mot «chouchou», je le laisse volontiers à d’autres. On devrait le réserver aux personnes qui nous sont chères voire peut-être à nos animaux de compagnie. Dans la vie de tous les jours, on me reconnaît et on m’aborde souvent. J’aime alors renvoyer la balle en posant des questions. Cela me permet d’en apprendre beaucoup sur les personnes qui font la queue à la caisse avec moi ou qui sont assises dans le bus. Parfois, les gens se contentent de me faire signe en passant. C’est comme si toute la Suisse alémanique était mon village. C’est tout de même sympa.

Vous travaillez dans les médias depuis vos études de sciences politiques. Y a-t-il cependant un autre métier que vous rêviez d’exercer – ou dont vous rêvez encore?
Ma carrière a commencé par un échec: enfant de paysans, j’étais une ratée totale. Travailler dans les soins comme ma mère était aussi exclu, car je m’évanouis à la vue du sang. Une rupture du ligament croisé a ensuite mis fin à mon rêve de devenir prof de sport. J’ai donc cherché ma propre voie. Je n’ai jamais eu d’objectif, mais j’avais une bonne boussole intérieure. Si j’avais les compétences nécessaires, j’aimerais être architecte paysagiste ou entomologiste – pendant six mois, car mon métier de rêve, je l’ai trouvé depuis longtemps. 

Pouvez-vous nous confier une manie et un talent dont le public n’a encore guère entendu parler, malgré votre présence fréquente dans les médias?
Je parle aux objets. C’est une petite manie. On peut encore comprendre que je discute avec mes poules. Mais je parle aussi à mon vélo ou aux plantes. C’est très embarrassant quand on me surprend en train de le faire. Un talent: quand tout devient turbulent et agité, je deviens calme. Je ferais sans doute une ambulancière potable – si je n’avais pas ce problème avec le sang. Quand nos garçons cherchent quelque chose en panique tôt le matin, ce talent m’est tout de même utile. 

Même une personnalité connue peut être fan: quelle célébrité aimeriez-vous rencontrer un jour?
J’aimerais rencontrer le musicien australien Nick Cave. Sa musique m’accompagne à travers les hauts et les bas de la vie. Il a perdu deux fils et a réussi à ne pas s’effondrer. 

Quand on me demande ce qui caractérise
‹Mona mittendrin›, je cite souvent l’émission
sur les soins à domicile comme exemple.

Mona Vetsch

Animatrice télé

Dans le cadre de votre émission «Mona mittendrin», vous avez visité en 2021 le service d’aide et de soins à domicile de Spitex Burgdorf. Quelles impressions gardez-vous des soins à domicile?
Les rencontres que j’ai faites au sein des soins à domicile m’ont beaucoup impressionnée. Le travail de Mirjam, que j’ai accompagnée, et de ses collègues fait une réelle différence pour beaucoup de gens: il leur permet de rester chez eux même à un âge avancé ou de soigner leurs proches à domicile. En même temps, j’ai pu constater la pression et la charge de travail que représente ce métier. Nous devons trouver des réponses sociétales à cela. Lorsqu’on me demande ce qui caractérise «Mona mittendrin», je mentionne souvent l’émission sur les soins à domicile comme exemple. Ce qui me préoccupe, c’est le monde au-delà des gros titres. La vie quotidienne en Suisse. Les personnes qui font la cohésion de notre société. A une époque où beaucoup de choses se désagrègent, cela me paraît plus important que jamais.

A propos de Mona Vetsch
Mona Vetsch est née le 23 juin 1975 à Frauenfeld. Elle a grandi avec ses trois frères et sœurs dans une ferme à Hattenhausen (TG). Après des études en sciences politiques à Zurich, elle débute comme journaliste à la «Thurgauer Zeitung» et à «Radio Thurgau», avant de se faire connaître du grand public en 1997 grâce à l’émission jeunesse «Oops!» sur la chaîne suisse SRF. Elle occupe ensuite divers postes d’animatrice – notamment pendant 17 ans dans la matinale de Radio SRF 3, mais aussi à la télévision, avec des formats comme «Der Club», «einfachluxuriös» et «Mona mittendrin». ­Récompensée à plusieurs reprises, elle reçoit notamment le Prix des médias de Suisse orientale en 2012 et, en 2024, le Prix Walo du public. A 50 ans, Mona Vetsch vit à Zurich avec son mari et leurs trois fils adolescents. Elle aime passer son temps libre, entre autres, dans son jardin. Mona Vetsch sera l’invitée du Congrès national Aide et soins à domicile, le 9 septembre 2025, à Berne. Elle y tiendra une conférence intitulée: «Réaliser de grandes choses. Aperçu du parcours personnel de Mona Vetsch». Informations sur le congrès (complet): www.spitex-kongress.ch

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