Communication dans les soins pédiatriques à domicile: défis et potentiels

Dans le domaine des soins à domicile, une communication efficace est essentielle – entre le personnel soignant, les proches, les clientes et clients et les autres professionnels. Un projet de recherche de la Haute école spécialisée bernoise (HESB) montre, à travers l’exemple des soins pédiatriques à domicile, les obstacles rencontrés au quotidien, les apports possibles des technologies et les mesures susceptibles d’alléger la charge du personnel.

FRIEDERIKE J.S. THILO, TABEA SCHMID. En Suisse, grâce aux prestations de l’Aide et soins à domicile (ASD), toujours plus de personnes peuvent rester chez elles malgré leur maladie, leur grand âge ou un handicap. Ces dix dernières années, le nombre de clientes et clients de l’ASD a presque doublé selon l’Office fédéral de la statistique (OFS). Avec cette hausse du nombre de clients, les exigences en matière de communication et de collaboration au sein de l’ASD, ainsi qu’avec d’autres professionnels, ont aussi augmenté. Ce constat a incité une équipe de recherche de la Haute école spécialisée bernoise (HESB) à se pencher sur le thème de la communication dans le quotidien de l’ASD à travers l’exemple des soins pédiatriques à domicile. Le projet CuraComm1 a examiné des situations problématiques typiques ainsi que l’utilité possible de technologies de soutien. Quatre interviews et quatre groupes de discussion ont été menés de mai à juillet 2023, avec un total de 13 professionnels des soins et trois familles issues de trois organisations de soins pédiatriques à domicile de Suisse alémanique.

Le projet CuraComm vise à identifier les problèmes de communication les plus fréquents rencontrés avec les enfants ainsi qu’avec les personnes âgées dans les soins à domicile, et à explorer les moyens de les surmonter. Image: © 2025 CuraComm

Manque d’accès aux données pour les parents
Les membres du personnel soignant interrogés ont indiqué que de nombreux canaux de communication étaient utilisés en parallèle. Or, le problème est qu’il leur est souvent difficile de savoir quelles informations sont diffusées, où et quand. De plus, la communication d’ordre professionnel s’étend parfois jusque dans leur vie privée – il arrive par exemple que des messages professionnels s’affichent sur leur téléphone personnel durant leur temps libre. De leur côté, les parents ont critiqué le fait qu’ils n’ont pratiquement pas accès à la documentation concernant leur enfant. Pour pallier ce manque de visibilité, ils développent alors souvent leur propre système de documentation; cette solution est problématique à cause des erreurs qui risquent de se produire. De plus, les parents n’ont pas accès à la planification actuelle des interventions des soins à domicile, ce qui complique leur organisation. En principe, les parents d’un enfant nécessitant de soins à domicile ont pour consigne de composer le numéro d’urgence dans les situations difficiles, si le plan d’urgence clairement documenté et discuté avec eux ne suffit pas. En cas d’incertitude, ils préfèrent toutefois bénéficier de l’évaluation d’une infirmière qui vient chez eux. Certaines organisations offrent, certes, des conseils par téléphone, mais ceux-ci sont rarement disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Quant aux infirmières qui assurent les services de nuit, elles demandent elles-mêmes régulièrement conseil auprès de leurs collègues, mais souvent de manière informelle.

Un autre défi constaté par les chercheurs concerne la gestion du savoir et des ressources pertinentes au sein des services de soins pédiatriques à domicile. Ces connaissances sont souvent perdues, n’étant en général pas regroupées en un lieu centralisé. Et les entretiens «entre deux portes», qui favorisent un espace d’échange professionnel, font effectivement défaut dans les organisations organisées de manière décentralisée.

Recommandations d’action
Les professionnels des soins interrogés ont une idée claire de la manière dont leur communication et leur collaboration pourraient être renforcées. Leurs suggestions pourraient également donner de précieuses impulsions aux services d’aide et de soins à domicile destinés aux adultes. Il s’agit en particulier des éléments suivants: 

  • Une gestion centralisée des connaissances pour les ressources destinées aux parents – telles que brochures, guides ou vidéos – est souhaitée.
  • Des offres de téléprésence s’imposent, qui permettent une aide rapide dans les situations difficiles, intègrent une expertise indépendamment du lieu et favorisent l’échange de connaissances.
  • Les clientes et clients ainsi que leurs proches doivent pouvoir accéder à leurs données et à la planification des interventions de soins pédiatriques à domicile.
  • Les parents ont besoin d’un accès à bas seuil à une infirmière des soins à domicile, 24 h/24 et 7 j/7.
  1. www.bfh.ch/de/forschung/referenzprojekte/curacomm/ ↩︎

Plus d’articles

Robots et numérisation au cœur d’un colloque enrichissant

Le 12 septembre 2024, plus de 400 personnes ont participé au colloque d’ASD Suisse, axé sur la transformation numérique des soins am...

«Les gens qui ne causent pas aux animaux ont un souci»

L’auteur helvético-islandais Joachim B. Schmidt, 42 ans, a publié en 2023 son nouveau roman «Kalmann und der schlafende Berg». Il no...

Coup d’œil sur d’autres domaines de prévention

L’Aide et soins à domicile (ASD) est active dans de nombreux autres domaines de prévention. Des exemples particulièrement actuels ou...